La médiation par l’animal : une précieuse ressource pour les gens de justice.

mediation animale homme chien assis

Une méthode courante outre-Atlantique

La médiation animale, encore appelée médiation par l’animal, peut être définie ainsi : « C’est une méthode d’intervention qui utilise la présence d’un animal domestique ou familier (spécifiquement éduqué) auprès de personnes en situation de fragilité psychique ou physique à des fins préventives, éducatives ou thérapeutiques¹ ». Cette méthode constitue le socle du travail des chiens d’assistance judiciaire, ainsi que des chiens médiateurs.

 

Depuis 2012, des chiens dits « d’assistance judiciaire » ou encore « CAJ » ont été déployés dans la plupart des Etats américains pour accompagner les victimes d’agressions durant les phases du procès. En 2019, la France s’est dotée de son premier chien d’assistance judiciaire. Aujourd’hui, une petite vingtaine de ces assistants d’un genre nouveau sont en poste sur le territoire français. C’est un bon début, mais c’est trop peu comparé au nombre de personnes, majeures ou mineures, qui se disent victimes de violences.

 

L’Association Les chiens de justice offre une solution pour venir en appui au dispositif des CAJ voulu par le Garde des Sceaux : des professionnels de la Justice formés à la médiation animale, avec leur chien de famille. Chien d’assistance judiciaire ou Chien médiateur, tous deux sont en effet capables de procurer les mêmes bienfaits aux êtres humains.

Leur contact, visuel ou tactile :

  entraine, chez les personnes accompagnées, une baisse de la tension artérielle et une sécrétion de l’hormone du bonheur, la dopamine. A l’inverse, il diminue la sécrétion de cortisol qui aggrave le stress².

– permet de « diminuer le rythme cardiaque et l’anxiété, notamment chez les jeunes enfants³. »

Les effets bénéfiques de la présence des chiens sont prouvés.

La présence rassurante du chien apaise les victimes, leur donne un sentiment de sécurité, les aide à reprendre confiance en elles, à se concentrer et à libérer leur parole⁴. Selon une étude américaine, plus de 80% des victimes verbalisent les faits au contact du chien, contre seulement 35% hors de sa présence⁵.

« Avant la présentation du CAJ, 60% des mineurs étaient inquiets et 17% étaient souriants. Après l’audition, en présence du chien, et au moment du départ : 4,5% d’entre eux présentaient encore des signes d’inquiétude et 27% étaient souriants. (…) (…) la présence du chien lors de l’entretien médicolégal peut avoir agi comme un tampon ou une protection pour les enfants lors de la divulgation des détails d’agressions sexuelles. »⁶

 

Des magistrats témoignent : « La connexion avec l’animal apaise. Et ainsi, les personnes parlent davantage, cela libère vraiment la parole, et les avocats ont le même ressenti : elle est plus fluide, plus détendue. Il est arrivé que certaines victimes parlent au chien, plutôt qu’à moi »

chien boston terrier enfant médiation animale

Au-delà des bienfaits procurés au bénéficiaire, le chien médiateur :

 

  • Apporte un soutien moral et son savoir-faire aux professionnels de la justice avec lesquels il fait équipe,
  • Tranquillise les parents des enfants victimes et proches des victimes particulièrement fragiles (notamment les personnes porteuses de handicap). 

Comment se passe une séance de médiation animale ?

Cette méthode est basée sur une relation triangulaire : l’intervenant en médiation animale, le chien médiateur et le bénéficiaire.

 

En moyenne, les séances durent entre 15 minutes et 1 heure 30. Elles peuvent concerner jusqu’à 4 bénéficiaires simultanément (au-delà, le travail du chien est plus difficile, fatigant et de moins bonne qualité). Un chien encore jeune, tonique et équilibré est capable d’intervenir 3 ou 4 fois par semaine.

 

Dans tous les cas, la présence du chien est incompatible avec une phobie, un terrain allergique ou encore une aversion du bénéficiaire pour cette espèce. 

 

Pour ces raisons, la venue du chien est systématiquement annoncée au préalable. Elle doit aussi être acceptée par l’ensemble des personnes concernées : avocats, magistrats, enquêteurs, greffiers…

 

Le chien médiateur assurant un soutien émotionnel à une personne inconnue, avec un profil, une personnalité, un vécu uniques, le contenu des séances est fluctuant. 

 

Néanmoins, chaque intervention s’articule autour :

  • D’un début : les « Bonjour » entre le chien et le bénéficiaire pour créer une alliance,
  • D’un milieu : les activités ludiques ou sensorielles avec, ou autour, du chien selon le contexte (parfois discrètes : regarder le chien, tenir sa laisse, caresser son poil),
  • Et d’une fin : les « Aux revoirs » entre le chien et le bénéficiaire, de manière à éviter un sentiment d’abandon et une émotion négative en lien avec la séparation.

 

Jouant le rôle d’une « éponge émotionnelle », le chien médiateur doit être compris et protégé par l’intervenant qui peut, si besoin, mettre fin à la séance ou éloigner l’animal qui donne des signes d’inconfort.

 

Il est primordial d’assurer son bien-être en respectant ses besoins fondamentaux : c’est la clé pour qu’il soit d’accord pour travailler et qu’il travaille bien.   

chien boston terrier enfant médiation animale
chien boston terrier ostéopathe médiation animale

Sources

¹La Fondation Adrienne et Pierre Sommer – Guide « Profession : Chien d’assistance judiciaire »

²ScienceDirect L’évolution psychiatrique Décembre 2023 p 621-623 « Accompagnement du chien d’assistance judiciaire auprès de mineurs présumés victimes. Etude pilote menée en France en 2021 » M.Manginot, Pr B.Kabuth et F.Ligier ; « Les émotions des animaux » Marc Bekoff – Rivage poche

³Communiqué du ministère de la Justice du 13 février 2023 

⁴« Chien d’assistance judiciaire, la médiation animale au service des tribunaux judiciaires » Marie Depay paru le 21 décembre 2022 sur Village de la Justice et Cf note 1 Guide cité 

Proposition de loi N°732 déposée le 17 janvier 2023 par Mme Huguette Tiegna ; « Le chien médiateur pour libérer la parole des victimes .» La Fluffy Compagnie

⁶Cf note 2 Etude citée 

⁷Site de l’Ecole Nationale de la magistrature « Le chien d’assistance judiciaire, partenaire de l’institution judiciaire » 20 avril 2023 Entretien avec Nicolas Chareyre, premier vice-président chargé de l’instruction au tribunal judiciaire de Lyon 

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